Dans le cadre du centenaire de la disparition du Prince Albert Ier, nous vous invitons
à découvrir ou redécouvrir la presse locale monégasque à la Belle Epoque
Le Journal de Monaco
Le 30 mai 1858, paraît le premier numéro de L’Eden. Littérature, Beaux-arts sous les presses de l’imprimerie du monégasque Jean-Baptiste Bosio.
L’année suivante, la feuille change de titre et devient le Journal de Monaco, politique, littéraire et artistique. À sa direction, de grandes plumes se succèdent, d’Eusèbe Lucas à Alfred Gabrié. Charles Monselet écrit en 1881 non sans ironie : « Le Journal de Monaco a la liste la plus aristocratique et la plus intelligente de lecteurs qui se puisse imaginer. Il est adressé à toutes les têtes couronnées et à toutes les têtes auréolées, aux rois du droit divin et aux princes de la pensée. Ecrire dans le Journal de Monaco, c'est être assuré d'être lu par le premier public non seulement de l'Europe, mais de l'univers entier (1) ».
Véritable « Moniteur officiel du Souverain et de son Gouvernement », le Journal de Monaco consacre une partie officielle aux informations administratives et une partie non officielle aux nouvelles locales, artistiques ou scientifiques, telles les Campagnes océanographiques du Prince Albert à bord de L’Hirondelle.
L’hebdomadaire rend compte des grands événements qui marquent l’histoire de la Famille princière et des visites des souverains à Monaco. En septembre 1889, dans un encadrement noir, le Journal annonce le décès du Prince Charles III et relate les festivités de l’avènement du Prince Albert Ier.
Au début de son règne, la gérance et l’administration de l’hebdomadaire sont assurées par François Martin puis Louis Aureglia, directeur de l’Imprimerie de Monaco. En 1898, le Prince Albert Ier nomme l’écrivain Alfred Mortier directeur du Journal. Lui succède Maurice Canu, Secrétaire du Gouvernement puis Consul général. Ce dernier est chargé d’organiser notamment le déjeuner de la presse lors de la visite du Président de la République française, Armand Fallières, en 1909 et le banquet réunissant la presse internationale à l’occasion des fêtes d’inauguration du Musée Océanographique en 1910.
À partir du 29 septembre 1914, il est sous-titré Bulletin officiel de la Principauté, journal hebdomadaire.
La presse locale quotidienne
En 1897, paraît Le Petit Monégasque, premier quotidien imprimé et distribué à Monaco. Il est fondé par deux anciens collaborateurs de l’Éclaireur de Nice, le publiciste Jules Michel et Alfred Mortier, homme de lettres, qui reprennent le titre d’un hebdomadaire fondé en 1888 par Charles Limouzin. C’est alors « le seul journal quotidien de la Principauté paraissant à Monte-Carlo l’hiver ». Edité seulement de novembre à avril, la feuille publie « la liste officielle des Etrangers » en villégiature à Monaco. C’est « par une heureuse coïncidence du destin » (2), écrit Alfred Mortier, que l’ouverture de la saison artistique, mondaine et sportive à Monaco corresponde à la Saint Albert, Fête du Prince.
Dès sa fondation, le Prince de Monaco apporte son soutien au journal. Un télégramme est adressé à la direction du quotidien : « Son Altesse souhaite à votre entreprise le succès qu’elle mérite (3) ». La qualité d’impression du Petit Monégasque est d’ailleurs récompensée en 1910 lors de l’Exposition Universelle de Bruxelles. Le Journal et son imprimerie obtiennent une médaille d’argent pour leurs travaux typographiques. La qualité d’écriture des rédacteurs est reconnue. Par Ordonnance Souveraine, Jules Michel, co-directeur du Petit Monégasque, est nommé Délégué de la Principauté au XVe Congrès International des Associations de Presse à Rome en mai 1911.
Après le décès de Jules Michel en 1913, Alfred Mortier dirige seul le quotidien. Au cours du mois de décembre 1926, Le Petit Monégasque devient la Gazette de Monaco et de Monte-Carlo. En février 1934, le journal quotidien entre en liquidation : dès lors, les lecteurs se contenteront de la page monégasque du Petit Niçois (fondé en 1880) et de L’Éclaireur de Nice (fondé en 1888).
Les revues hebdomadaires mondaines et spécialisées
Les revues hebdomadaires se multiplient sous le règne du Prince Albert Ier avec Le Monte-Carlo Mondain (1889-1914) et Les Rives d'or (1891-1907). Parmi les nombreuses revues mondaines qui ont marqué l’histoire de la Principauté, la Revue de la Riviera Illustrée se distingue par la richesse iconographique qui accompagne ses articles, en particulier grâce aux clichés signés Enrietti, photographe de la Société des Bains de Mer.
Le Journal de la Corniche, revue hebdomadaire du canton de Villefranche (Villefranche, La Turbie, Beaulieu, Eze) paraît de 1902 à 1914. Ce Journal inclut la Principauté de Monaco dans le « collier de localités » formé par la Route de la Corniche. Philippe Casimir, ancien rédacteur en chef du Petit Niçois, puis maire de la Turbie est un familier de la Principauté, ce qui amène le journal à couvrir fréquemment les événements culturels et artistiques monégasques.
Des revues spécialisées ont aussi vu le jour comme Le Monte-Carlo destiné aux joueurs du Casino ou des feuilles politiques comme L’Éveil Monégasque. Mais la revue mondaine la plus plébiscitée reste Monaco-Revue. Revue illustrée de la Principauté créée en 1912. Fondée et dirigée par Paul Cioco le titre devient en 1920 Rives d’Azur, offrant aux lecteurs un savant mélange d’informations mondaines et de reportages plus locaux.
La presse ancienne monégasque numérisée
Une partie des collections de la presse ancienne de la Médiathèque de Monaco est numérisée et mise en ligne sur le site internet https://www.mediatheque.mc/
Découvrez actuellement quatre périodiques publiés entre 1897 et 1934. La sélection des titres s’est portée sur deux journaux quotidiens (Le Petit Monégasque, La Gazette de Monaco et de Monte-Carlo) et deux revues mondaines et hebdomadaires (Revue de la Riviera Illustrée, Journal de la Corniche).
Ces publications permettent une meilleure connaissance de l’histoire de la Principauté à la Belle Époque et durant l’entre-deux-guerres.
Une recherche par mots clés en plein texte, par titres et par années, est possible. La navigation est également facilitée par l’utilisation des filtres (années, mois).
La Médiathèque envisage de poursuivre sa politique de numérisation de la presse locale ancienne à des fins de conversation préventive et de valorisation patrimoniale. L’évolution de la presse monégasque ne sera plus un secret pour tous nos lecteurs.
[1] Journal de Monaco, 29 mars 1881
[2] Le Petit Monégasque 15 novembre 1913
[3] Le Petit Monégasque, 18 novembre 1897
Cet article a été écrit en collaboration avec Dominique Bon, Responsable du Fonds Régional de la Médiathèque de Monaco.